top of page

Presse

Rendez-vous au jardin de Brantes 2017

France3 - 19/20

Provence-Alpes - 02/06/2017

À Sorgues, Irina Brook monte un Shakespeare dans un jardin

Ce week-end, la metteure en scène "moliérisée" reprend "La Tempête", en spectacle déambulatoire, au Domaine de Brantes

Ils sont pas mal nos effets spéciaux non?" Jeudi, milieu d'après-midi à Sorgues. Au coeur du verdoyant Domaine de Brantes, l'immense metteure en scène Irina Brook (on ne compte plus les "Molières" glanés depuis 17 ans NDLR) répète avec ses comédiens la "Tempête" shakespearienne qu'elle reprend en plein air, samedi et dimanche, dans le cadre de "Rendez-vous aux jardins". Las, alors que la troupe peaufine une scène sous les arbres, des éclairs zèbrent soudain le ciel. La pluie se met à vrombir. Ne manque plus que l'orgue de Ray Manzarek en illustration sonore. Tout ce petit monde se met à l'abri. "À chaque fois, c'est la même chose quand on joue La tempête. Pour la première représentation aux Bouffes du Nord (Paris), le théâtre était secoué par un orage. Les spectateurs pensaient que c'était fait exprès ! "

Jeunes et brillants

À 260 kilomètres du Théâtre National de Nice, dont elle est la directrice, Irina Brook, qu'on pourrait revoir au Festival Off d'Avignon... en 2018, est toujours aussi lumineuse et complice avec ses comédiens. En l'occurrence, son Prospero originel, Renato Giuliani, ainsi que quatre jeunes acteurs niçois à l'enthousiasme contagieux : Marjory Gesbert, Irène Reva, Kevin Ferdjani et Issam Kadichi. Avant que la pluie ne vienne jouer les trouble-fêtes, Irina Brook, en sandalettes, observe les siens. "Va au bout de ton mouvement !" lance-t-elle à ses comédiens, alors que le chien du Domaine s'invite, mine de rien, au milieu des artistes. Fous rires garantis. "Après cette version, j'aurai vraiment du mal à reprendre "La Tempête" dans un théâtre." Au second plan, Renato Giuliani se glisse furtivement derrière un buisson, d'où surgit sa tête hirsute. Ardent le buisson !

"Le décor c'est la nature"

En 1991, dans le cadre du Festival d'Avignon, Peter Brook, père d'Irina, montait La Tempête aux Taillades. Vingt-six ans plus tard, sa fille embarque à nouveau les mots de Sir Will en terres vauclusiennes. Toujours à ciel ouvert. Mais cette fois entre un magnolia géant (qui date de 1780) et un champ de foin exalté, entre un bassin envoûtant et une haie (verte) d'honneur. Amie du couple d'Aboville-Brantes, propriétaire de ce domaine impérieux, Irina Brook a répondu à leur invitation pour jouer, ici, deux représentations. "Le décor c'est la nature. Le public nous suivra dans le jardin, qu'on utilise de manière à ce que les gens fassent travailler leur imagination. Car il faut quand même que ça rappelle, aussi, l'île déserte, où se passe l'action." Et d'ajouter : "Jouer dans la nature c'est vraiment shakespearien, car à son époque, ses acteurs jouaient avec le ciel étoilé au-dessus du Globe Théâtre" (Londres NDLR)". Une fois à l'abri, la metteure en scène sursaute à chaque coup de tonnerre dans le ciel. "Le problème c'est que je suis phobique !" Phobique de la tempête ? C'est ce qu'on appelle être un Brook-émissaire.

Samedi et dimanche à 16h au Domaine de Brantes, Sorgues ; 5 € (gratuit pour les mineurs).

Fabien Bonnieux et Jérôme Rey

LA PROVENCE, le 2 juin 2017

bottom of page